09/09/2025

Taiwan Today

Taiwan aujourd'hui

Une oasis spirituelle pour tous les croyants

19/12/2020
Taiwan se situe à la seconde place mondiale derrière Singapour en termes de diversité religieuse selon le groupe de réflexion américain Pew Research Center.
Illustration : Lin Hsin-chieh / MOFA

Chef de file mondial pour la promotion de la liberté religieuse, Taiwan accueille des personnes de toutes confessions.

Habituellement dédié à la réflexion silencieuse, le centre de retraite Tian-An Tai-Ho, installé dans la tranquille commune de Sanyi du district de Miaoli, est devenu l’espace de quatre jours en 2019 un lieu de rencontres et d’activités en tous genres à l’occasion du 19e Camp pour la religion et la paix. Ce grand rassemblement est organisé chaque année par la Conférence de Taiwan sur la religion et la paix, la plus grande plateforme taïwanaise pour le dialogue interreligieux. L’événement a réuni une centaine d’émissaires des principales religions présentes à Taiwan, à savoir le bouddhisme, le christianisme, l’islam et le taoïsme, mais aussi des représentants de cultes plus minoritaires comme l’I-Kuan Tao ou l’Eglise du Seigneur de l’univers.
 
« La compréhension et le respect mutuels sont essentiels pour maintenir des relations harmonieuses entre des personnes de confessions différentes, souligne le président de la Conférence de Taiwan sur la religion et la paix, Shih Jing-yao [釋淨耀], qui est également à la tête de l’Association bouddhique de la République de Chine. Une façon pour nous de mettre cela en évidence est de servir des repas végétariens qui conviennent à tout le monde. »

Les temples dédiés au dieu de la Terre sont visibles un peu partout à Taiwan. Ils honorent l’un des nombreux dieux vénérés par les adeptes des religions populaires locales. (Photo : Chin Hung-hao / MOFA)

La liberté religieuse est aujourd’hui considérée comme allant de soi à Taiwan grâce à sa société pluraliste et tolérante. Cependant, le droit d’y pratiquer sa religion, sans peur des persécutions, n’y a pas toujours été garanti. Avant la levée de la loi martiale en 1987, seules les activités religieuses des principales religions étaient considérées comme légales. Ainsi, malgré ses nombreux points communs avec le confucianisme, le bouddhisme et le taoïsme, l’I-Kuan Tao (aussi connu sous le nom de Religion de la voie unique) était classé comme secte et par là-même interdit.
 
Maintenant autorisé, l’I-Kuan Tao a acquis une certaine reconnaissance. D’après une étude réalisée en 2019 auprès de la population taïwanaise par l’Institut de sociologie de l’Academia Sinica, la plus grande institution de recherche du pays, 2,1% des personnes interrogées s’identifient comme fidèles de cette religion. Lin Pen-hsuan [林本炫], chercheur à l’Université nationale unie de Miaoli et spécialisé dans les systèmes de croyance locaux, estime que le pourcentage est probablement plus élevé car un certain nombre de personnes pourraient se montrer réticentes à l’idée d’exprimer leur vraie croyance étant donné le rejet qu’avait suscité l’I-Kuan Tao par le passé.
 
La même étude a montré que 49,3% des personnes interrogées pratiquaient les religions populaires locales, 14% le bouddhisme, 12,4% le taoïsme, 6,8% le christianisme et 13,2% n’exprimaient aucune conviction religieuse. Taiwan ne produit pas de données nationales concernant la démographie religieuse et les communautés de croyants ne sont pas tenues de s’enregistrer auprès de l’Etat ou des collectivités locales, même si autour de 3 500 d’entre-elles l’ont fait malgré tout.

La montagne Shenwei Tiantai est un vaste temple appartenant à des adeptes d’I-Kuan Tao que l’on trouve à Kaohsiung, dans le sud du pays. (Aimable crédit du ministère de l’Intérieur)

Le soutien de l’Etat

La liberté religieuse est garantie par l’article 13 de la constitution taïwanaise. « Tous les groupes religieux sont libres de pratiquer à condition qu’ils n’enfreignent pas la loi, explique Lin Ching-chi [林清淇], directeur du département des Affaires civiles du ministère de l’Intérieur, chargé de superviser les cultes. Ce n’est pas à l’Etat de déterminer la validité d’une croyance, mais à chacun de décider individuellement. »
 
Loin de réguler les activités religieuses, le gouvernement s’engage plutôt à éliminer les obstacles empêchant la pratique des cultes. En 2000, le ministère de l’Intérieur a mis en place la Commission consultative sur les affaires religieuses. Composée de représentants des différentes religions présentes dans le pays, d’universitaires et de responsables gouvernementaux, celle-ci a pour but de répondre aux préoccupations que peuvent avoir certains groupes, comme par exemple en ce qui concerne le droit d’utiliser l’espace public pour des cérémonies religieuses.
 
Le ministère de l’Intérieur reconnait également les efforts de ceux qui s’engagent pour la société. Depuis 1976, il remet ainsi le Prix de la meilleure organisation religieuse pour la promotion des œuvres sociales, récompensant des actions allant de services d’aide à l’enfance au secours aux sinistrés. Les acteurs les plus constants peuvent même être sélectionnés pour recevoir le prestigieux Prix du Yuan exécutif pour la promotion des œuvres sociales, comme ce fut le cas de la Fondation Tzu Chi, basée à Hualien, dans l’est du pays. Créée en 1966, Tzu Chi est le plus grand organisme bouddhiste de bienfaisance à Taiwan. La fondation est surtout connue à travers le monde pour ses actions humanitaires.

Des habitants du Zimbabwe accueillent avec le sourire des sacs de riz distribués par la Fondation caritative bouddhique Tzu Chi, basée à Hualien. (Aimable crédit de la Fondation Tzu Chi)

« La religion exerce une influence stabilisatrice sur la société, avec des organisations religieuses que l’on retrouve en première ligne. Ces groupes sont une force au service du bien à Taiwan, offrant leur aide quand l’Etat ne peut pas le faire », déclare Lin Ching-chi, ajoutant que de nombreuses personnes participent à des activités caritatives grâce aux programmes initiés par les organismes religieux du pays. Ce large soutien est mis en évidence par le nombre de récipiendaires des prix remis par le ministère de l’Intérieur et par le Yuan exécutif, à savoir respectivement 173 et 15 l’an dernier.
 
Le ministère de l’Education assure sa part d’efforts en favorisant la mise en place d’un environnement accueillant pour toutes les confessions au sein de ses lieux d’enseignement. Par le passé, il était interdit aux établissements d’enseignement supérieur et aux universités d’ouvrir des départements se focalisant sur une religion précise, avec pour but, par exemple, de former les membres d’un clergé. En conséquence, les écoles religieuses n’étaient pas reconnues officiellement, bien qu’elles étaient autorisées à exercer leurs activités et à recruter des étudiants. Cette restriction a été levée en 2004, permettant alors la création de nombreuses institutions aujourd’hui bien établies et respectées, comme la faculté bouddhique du Tambour du Dharma, à New Taipei, le séminaire théologique baptiste de Taiwan, à Taipei, et l’école Chong De d’I-Kuan Tao, à Nantou.

Un environnement hospitalier

Les réformes institutionnelles combinées à une société multiculturelle ont renforcé la réputation de Taiwan en tant que pôle majeur d’activités religieuses. Selon le groupe de réflexion américain Pew Research Center, Taiwan se situe à la seconde place mondiale derrière Singapour en termes de diversité religieuse. De la même façon, les statistiques du ministère de l’Intérieur révèlent que le pays abrite plus de 33 000 édifices religieux, c’est-à-dire quasiment un lieu de culte par kilomètre carré.

Des étudiants en études bouddhiques échangent leurs points de vue à l’Institut d’arts libéraux du Tambour du Dharma, qui a succédé à la faculté bouddhique du Tambour du Dharma, la première école religieuse officiellement reconnue comme telle à Taiwan. (Aimable crédit de l’Institut d’arts libéraux du Tambour du Dharma)

Désireux de consolider sa réputation de terre hospitalière pour tous les croyants, Taiwan tisse des liens avec les organisations religieuses étrangères afin de partager son expérience de transformation positive et de participer au renforcement des libertés religieuses dans le monde. En juillet 2018, le département d’Etat américain a organisé la première conférence ministérielle pour la promotion de la liberté religieuse et a lancé le plan d’action Potomac, appelant par là même les pays et territoires participants à nommer des ambassadeurs extraordinaires pour la liberté religieuse. Taiwan a été l’un des premiers à réagir, en désignant Pusin Tali, président de la faculté et séminaire théologique Yu-Shan de Hualien et membre du peuple autochtone Atayal, comme son nouvel ambassadeur.
 
Quelques jours après sa nomination, Pusin Tali assistait à l’ouverture, à Taipei, du Dialogue des sociétés civiles pour la sauvegarde de la liberté religieuse dans la région indopacifique. Parrainé et soutenu par Taiwan et les Etats-Unis, l’événement était organisé par la Fondation de Taiwan pour la démocratie. Il a réuni plus de 200 invités de marque, venus de Taiwan et de l’étranger pour discuter des menaces grandissantes auxquelles est confrontée la liberté d’expression religieuse. Quatre mois plus tard, Pusin Tali s’est rendu à Washington afin de participer à la deuxième conférence ministérielle pour la promotion de la liberté religieuse aux côtés de plus de 1 000 représentants laïcs et religieux venus du monde entier.
 
« Ma nomination est vraiment une première pour le pays. Taiwan est une nation où toutes les croyances religieuses et toutes les origines ethniques peuvent trouver leur place. Nous sommes également résolus à renforcer notre coopération avec les pays partageant nos valeurs afin de protéger les libertés religieuses dans le monde, insiste Pusin Tali. S’assurer que chacun soit libre de pratiquer sa religion comme il l’entend et quand il le veut est absolument essentiel pour Taiwan, cela fait incontestablement partie de notre identité. »

Pusin Tali, le premier ambassadeur extraordinaire taïwanais pour la liberté religieuse, prononce un sermon à l’église presbytérienne Suang lien de Taipei. (Aimable crédit de la faculté et séminaire théologique Yu-Shan)

Les plus lus

Les plus récents